mardi dernier sur la RTBF (Radio-Télévision belge de la Communauté française), à l’émission "Face à l’info", le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste, Biram Dah Abeid, a affirmé que les autorités mauritaniennes avaient peur de faire un recensement du nombre d’esclaves en Mauritanie.
"L’UE et le PNUD ont proposé une enveloppe financière pour une enquête indépendante sur l’esclavage mais le gouvernement mauritanien s’est rétracté. Le gouvernement a peur que cette enquête indépendante révèle au monde l’ampleur de l’esclavagisme qui sévit dans les villes mauritaniennes mais aussi dans le monde rural en Mauritanie", a assuré M. Dah sur la RTBF.
"Notre organisation, bien qu’elle ne soit pas reconnue, bien qu’elle soit pourchassée, a tenté des recoupements pour un recensement. Ce recensement nous a donnés que 20% de la population mauritanienne sont des esclaves domestiques qui travaillent, sans repos, sans salaires, sans soins, subissent les viols, sont susceptibles d’être loués, d’être gagés, d’être vendus", a expliqué le leader abolitionniste.
"Les autorités mauritaniennes qui nient ces statistiques, nous les avons défiés", a expliqué Biram Dah Abeid, actuellement en tournée européenne pour sensibiliser l’opinion publique internationale sur la situation des droits de l’Homme en Mauritanie notamment sur la question de l’esclavage.
En 2013, Walk Free révélait dans une compilation intitulée "Global Slavery Index 2013" que 4% de la population mauritanienne était réduite en esclavage. Des statistiques balayées d’un revers de la main par les autorités mauritaniennes notamment par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz qui préfère parler de "séquelles" que de "pratiques" de l’esclavage en Mauritanie. "Il n’y a jamais eu de statistiques, déplorait en 2014 dans les colonnes du journal français La Croix, Me Fatimata Mbaye, mais l’esclavage est une réalité incontestable, sauf à faire œuvre de négationnisme."
Le 06 mars 2014, la Mauritanie avait adopté une feuille de route pour l'éradication de l'esclavage, élaborée avec l'appui de l'ONU. Le document porte sur la mise en œuvre de 29 recommandations qui visent à combattre l'esclavage et ses séquelles par une approche multisectorielle, au travers des domaines juridiques, économiques et sociaux.
Par Babacar Baye NDIAYE
©Cridem 2016